« Si l’on y fait attention, l’on trouvera qu’il ne peut point y avoir de livre vraiment dangereux. Qu’un écrivain vienne nous dire que l’on peut assassiner ou voler, on n’en assassinera et l’on n’en volera pas plus pour cela, parce que la loi dit le contraire. Il n’y a que lorsque la religion et le zèle diront d’assassiner ou de persécuter que l’on pourra le faire, parce qu’alors on assassine impunément ou de concert avec la loi, ou parce que dans l’esprit des hommes la religion est plus forte que la loi et doit être préférablement écoutée. Quand les prêtres excitent les passions des hommes, leurs déclamations ou leurs écrits sont dangereux parce qu’il n’existe plus de frein pour contenir les passions sacrées qu’ils ont excitées, et parce que les dévots n’examinent jamais ce que disent leurs guides spirituels. »
Essai sur les préjugés ou De l’influence des opinions sur les mœurs et sur le bonheur des hommes
D’Holbach
Article mis en ligne le 17 décembre 2007
dernière modification le 23 octobre 2019