Essais traduits de l’allemand par Sandrine Aumercier, Stéphane Besson, Heike Heinzmann, Clément Homs, Salima Naït Ahmed et Johannes Vogele
Avec son théorème de la « valeur-dissociation », Roswitha Scholz propose une critique féministe du patriarcat capitaliste au-delà du progressisme politique, du marxisme traditionnel et de tous les développements postmodernes.
Elle effectue une critique radicale de la modernité comprise comme patriarcat producteur de marchandises, ce qui la conduit à refuser de se laisser enfermer aussi bien dans la croyance en un progrès immanent de la modernité, que dans les « contradictions secondaires », l’essentialisme naturalisant ou le différentialisme post-structuraliste.
Les essais rassemblés dans ce volume mènent une discussion critique de divers courants et auteures féministes – de Judith Butler, Nancy Fraser et Maria Mies à Silvia Federici – afin d’analyser l’essence de la modernité comme totalité sociale brisée, où les deux pôles de la « valeur » et de la « dissociation » reproduisent le rapport patriarcal du masculin et du féminin jusque dans la barbarisation postmoderne et l’effondrement du patriarcat producteur de marchandises. Ce dernier, déjà entamé, n’aura aucune portée émancipatrice.
Roswitha Scholz est, aux côtés de Robert Kurz et de membres de la revue Exit !, l’une des principales théoriciennes en Allemagne du courant de la critique de la valeur-dissociation (Wert-Abspaltungskritik). Elle s’attache à théoriser le lien entre capitalisme et patriarcat moderne ainsi que les métamorphoses de ce patriarcat, et à dépasser les féminismes de l’égalité et de la différence, comme les féminismes intersectionnels, déconstructionnistes, matérialistes, écoféministes ou de la « lutte des classes ».