Cette anthologie de textes clés déploie quarante années d’engagements politiques de l’une des militantes et théoriciennes féministes les plus influentes au monde.
Mariarosa Dalla Costa pose une jonction entre féminisme et marxisme qui transcende le féminisme majoritaire des années 1970. Dans son célèbre manifeste de 1972, compris dans ce recueil, Dalla Costa propose l’une des premières articulations entre le travail domestique effectué par les femmes au sein de chaque foyer, et la contribution de ce travail, partie prenante de l’usine sociale, à l’économie productive.
L’évolution de la famille est ici passée sous le crible d’une analyse dynamique des mouvements du capital, du fordisme des Trente Glorieuses à la restructuration néolibérale, ainsi que des luttes féministes qui lui sont associées.
Dalla Costa propose une théorie novatrice de l’exploitation des femmes par leur assignation au travail reproductif et du soin. D’une part, par l’analyse percutante des politiques sociales, ainsi que du pouvoir étatique et médical sur la procréation. D’autre part, par l’analyse de la division internationale, raciale et sexuelle du travail, des mouvements d’immigration et d’émigration des années de l’après-guerre à la mondialisation. Dès lors, la lutte pour refuser ce travail gratuit devient urgente et la subversion nécessaire.
Pour autant, il ne s’agit pas de ne réclamer qu’un salaire, ou davantage de postes dans les domaines jusqu’ici masculins : en s’engageant dans la lutte, les femmes font l’expérience de la révolte sociale, c’est-à-dire du dépassement des conditions d’assignation à ce travail.
Mariarosa Dalla Costa est une féministe marxiste italienne et militante opéraïste née à Trévise en 1943 ainsi que cofondatrice du Collectif féministe international. Elle a enseigné la sociologie politique près de 30 ans à l’université de Padoue autour des enjeux et mouvements liés à la mondialisation.
Traduit par Élodie Chédikian avec la collaboration de Hélène Goy et Marie Thirion.
Préface de Louise Toupin.