États-Unis, XXIIe siècle. 200 ans après « la grande panique », l’Amérique n’est plus que l’ombre d’elle-même. La nation qui avait mené l’homme sur la lune est aujourd’hui un pays « sous-développé » livré à l’industrie touristique. Les immenses mégalopoles, qui symbolisaient autrefois la grandeur et la puissance du pays, ne sont plus que ruines livrées à une pollution mortelle. Mike Ryan, guide et pilote autochtone, s’apprête à mener son groupe de touristes – des représentants de l’élite africaine – dans ce qu’il reste de New York.
Publiée aux États-Unis en 1970 dans le recueil Science Against Man (La science contre l’homme), cette nouvelle s’enracine profondément dans l’Amérique de l’époque – celle de la conquête lunaire, du mouvement des droits civiques, de la guerre du Vietnam… – et offre un renversement de situation dont seule la science-fiction semble capable. Pourtant, 40 ans plus tard, alors que le monde occidental vit une crise économique sans précédent, que les États-Unis voient leur hégémonie fortement contestée, notamment par la Chine, et que le pays est devenu de très loin le premier producteur de CO2 par habitant de la planète, la réalité semble en passe de rejoindre le scénario de Norman Spinrad.
Né le 5 septembre 1940 à New York, Norman Spinrad publie sa première nouvelle en 1963. Auteur de Jack Barron et l’éternité, il obtient le Prix Apollo en 1974 pour Rêve de fer. Il est pour les critiques américains « l’un des meilleurs, si ce n’est le meilleur des auteurs de nouvelles que compte le genre » comme l’a écrit Ursula Le Guin. Une réputation méritée qu’il doit au punch de ses idées ; des idées choc qui démolissent en quelques lignes les tabous littéraires et politiques apparemment les plus solides. Iconoclaste, contestataire, apôtre ambigu des hallucinogènes, Spinrad est un écrivain à l’humour dévastateur, d’une stupéfiante diversité. Critique féroce de l’Amérique, pourfendeur du racisme et de l’aliénation médiatique, Spinrad vit à Paris depuis le début des années 1990.