Dans la froideur d’une nuit moscovite, le camarade Toulaév, un apparatchik de haut rang, est abattu en pleine rue. L’enquête commence et la machine bureaucratique du parti-État stalinien enclenche ses rouages totalitaires. Les suspects, arrêtés et interrogés les uns après les autres, sont pris dans les mailles d’un filet qui étend ses ramifications jusqu’à Paris et Barcelone. Ces inculpés, dont Serge fait le portrait saisissant, n’ont en commun que l’innocence du crime dont on les accuse. Avec ce roman rédigé dans les années 1940, véritable classique méconnu de la littérature du XXe siècle, Victor Serge signe l’un des plus forts récits jamais écrits sur les procès de Moscou et les purges staliniennes, dont il offre ici une fresque panoramique complexe et belle malgré sa noirceur. Ici ce joue la comédie humaine d’un État policier, le roman noir d’une révolution trahie qui dévore ses propres enfants en leur faisant confesser des crimes qu’ils n’ont pas commis. Au-delà de sa dimension historique, le livre expose, avec une subtilité que seule permet la fiction, les mécanismes sociaux et psychologiques qui rendent possible la soumission à la tyrannie.
Victor Serge
L’Affaire Toulaev. un roman révolutionnaire
Article mis en ligne le 7 décembre 2009
dernière modification le 5 juillet 2019