« Gagner sa vie, oui, comme les dévots disent gagner le ciel, et l’un comme l’autre, par des sacrifices, des labeurs et des pénitences. Gagner sa vie ! La vie a donc une valeur ? Certes, autant qu’elle vous appartient, qu’on peut en faire à volonté du bonheur, de l’activité, des plaisirs, de la gloire, rien du tout si on veut, si on reste libre en un mot, de ses pas, de ses idées, du choix de ses occupations… Mais pour la gagner, il faut la louer, la vendre, l’aliéner, marcher pour un autre, penser pour un autre, n’être plus que l’automate de la vie des autres. Et c’était à quoi Galafieu répugnait… »Sur la base d’une telle répugnance, ce roman réaliste de 1897 approfondit le non-engagement, creuse l’inimportance des « conventions de la société », ce « magasin de potiches » — carrière, fortune, mariage, civilité. Annonçant la dévalorisation contemporaine et l’absurde, il dessine un héros de l’échec et le conduit au désespoir d’une révélation radicale qui préfigure le « geste surréaliste le plus simple » — ce geste depuis mimé trop souvent par les forcenés du despotisme et de la surconsommation.
Paru en 1897, ce roman écrit le littérateur anarchisant Henry Fèvre retrace les mésaventures de Galafieu, qui se voudrait un homme libre. mais la société, hier comme aujourd’hui, laisse peu de place à des individus tels que lui...Commentaire