L’imaginaire libertaire se nourrit abondamment des « exploits révolutionnaires » qui ont jalonné l’histoire du mouvement anarchiste depuis ses débuts. On y remarque, entre autres, une sorte de fascination nourrie par des images fortes avec des hommes et des femmes brandissant des armes reproduites régulièrement par la presse militante, dans des récits de mouvements « révolutionnaires » ou encore par des postures théoriques qui tentent d’atténuer, voire de dénigrer, l’apport de la culture et des pratiques des anarchistes se réclamant de la non-violence. Et si la très grande majorité de ces militant·e·s continue à affirmer son attachement théorique à l’antimilitarisme, celui-ci semble être lié davantage à un monde à venir qu’à une pratique quotidienne.
Et pourtant, nombreux sont les exemples de personnes ayant cherché dans l’anarchisme, dans l’antimilitarisme et la non-violence, les ressources pour proposer non seulement une « vision du monde », mais un engagement constant pour atteindre une société sans violence, sans armées, basée sur des pratiques les plus horizontales possibles.
Parcourir la vie et des textes du Hollandais Barthélemy de Ligt (1883-1938) et de l’Autrichien Pierre Ramus (1882-1942), que nous vous proposons dans ce volume, nous donne d’un côté la possibilité de faire connaître une partie de cette histoire et, de l’autre, de la matière à réflexion pour continuer à enrichir et développer une culture libertaire dont l’objectif, nous semble-t-il, est de créer une société non-violente.