Résistants dynamitant des ponts, agents britanniques détruisant des usines... le sabotage s’est imposé comme l’une des armes du combat contemporain, auquel la Résistance a conféré ses lettres de noblesse pendant la Seconde Guerre mondiale.
Mais le phénomène n’est pas né avec l’armée des ombres. Les contours de cette arme nouvelle se dessinent à la fin du XIXe siècle, à la croisée de deux mondes que tout oppose : les syndicalistes de la jeune CGT, qui imposent l’idée et le mot ; les militaires, qui développent le concept, mais rechignent à adopter le terme, précisément parce qu’il vient des Rouges.
Les adeptes du sabotage en sont convaincus : les sociétés industrielles sont fragiles ; machines et réseaux – de transmissions ou de communication –, à la base de leur puissance, peuvent être paralysés par des destructions ponctuelles aux effets considérables. Alors que s’estompe la différence entre le temps de paix et le temps de guerre, les espoirs et les craintes que suscite le sabotage se diffusent, qu’ils empruntent les traits de l’anarchiste, du communiste ou de l’Allemand.
Au-delà des espoirs et des peurs, la pratique du sabotage se développe elle aussi. Modeste encore au cours de la Grande Guerre, elle s’affirme lors de la Seconde Guerre mondiale. Tous les acteurs l’incluent dans leur stratégie, des Allemands aux Soviétiques, des Britanniques aux Américains, des résistants aux services secrets.
Pour la première fois, cet ouvrage lève le voile sur un enjeu majeur des temps contemporains.