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Bande de colons | Une mauvaise conscience de classe

Alain Deneault

lundi 28 décembre 2020

Collection Lettres libres

« Il s’agit d’asseoir le statut de colon en tant qu’il continue de nous conditionner aujourd’hui. Le peu de cas que nous avons fait de cette notion, au profit de celles usurpées de colonisé et du couple colonisateur-colonisé, explique les lacunes actuelles de notre conscience de classe. »

Le colon, figure mitoyenne qui ne se trouve ni dans la position invivable du colonisé ni dans celle, indéfendable, du colonisateur, est généralement relégué au statut de figurant du récit colonial. Complétant le diptyque de Memmi, Alain Deneault révèle ici l’idiot utile, voire indispensable, de l’accaparement du territoire, une figure qui n’existe qu’en solidarité absolue avec la classe qui le domine, mais dont l’impuissance politique et économique l’autorise à s’identifier, lorsque opportun, au colonisé.

Le décor où Alain Deneault campe son personnage : le Canada. Coincé entre un passé colonial qu’il veut oublier et un essor républicain sans cesse ajourné, ce territoire qu’on appelle « pays » n’excelle que dans la médiocrité de ses politiques d’extrême centre, mais il livre à la pensée politique un objet d’importance : la condition du colon qui fut celle de la majorité de sa population et qui le reste de mille façons inavouées.


Bande de colons | Une mauvaise conscience de classe
Alain Deneault
Lux Éditeur, 216 pages, 14 euros