Collection Fil noir de l’histoire N°2
La plupart de ces récits de compagnons de Leipzig nous montrent que les « dissidents » d’Allemagne de l’Est des années 70/80 ne se battaient pas tous pour les libertés formelles ou le paradis de la consommation de l’Ouest. Mais pour une liberté qu’aucun État ne saurait satisfaire, pour des désirs qu’aucune économie ne viendra combler.
Dans un cadre qui pouvait sembler absolu, ils nous montrent que l’oppression tient bien moins sur la force militaire que sur la soumission de tous et toutes. Ces jeunes anarchistes et punks qui squattaient, volaient, se battaient avec les flics lors de fêtes, organisaient des manifs sauvages, diffusaient des messages subversifs dans les rues, n’étaient finalement asociaux que parce que le reste de la société n’était que trop social, en phase avec le contrôle institutionnel et la délation de proximité.
Dans les quelques témoignages qui suivent, nous retenons pour notre part le sens que certainEs préfèrent donner à la vie, à leur vie, non pas pour forger des contre-héros que nous érigerions en statue, mais parce que le fait de s’insurger contre les conditions qui nous sont faites reste un des fils qui mène à des possibilités révolutionnaires. Ces dynamiques de révolte, ces élans de liberté nous nourrissent. Reste à chacun, chacune de les alimenter, de les renforcer et de les approfondir.