Que nous apprend le regard d’un grand historien quand il se pose sur l’avenir et non sur le passé ?
Dans ce recueil de textes rassemblés ici pour la première fois, ce n’est pas sur le passé, même récent, mais le présent et l’avenir que l’historien exerce ses compétences, puisant autant dans les époques qu’il étudia que dans son expérience de celles où il vécut – entre guerre et paix, terrorisme et démocratie, impérialisme et environnement, conséquences de la chute de l’URSS et futur des États-nations.
Invoquant une mémoire dont il estimait qu’elle « n’est pas tant un mécanisme d’enregistrement qu’un mécanisme de sélection » permettant de « lire les désirs du présent dans le passé », de cette synthèse naît un point de vue où luttent lucidité, optimisme et pessimisme. Où le militant embarque souvent l’historien.
Aussi l’intérêt de ces pages se trouve moins dans les prédictions (ou les erreurs de prédictions) de l’auteur que dans la compréhension qu’accompagnent les analyses, par un intellectuel engagé dans les luttes de son temps, offertes à celles et ceux qui vivront un temps qu’il ne connaîtra pas.
« À terme, les gouvernements mèneront une guérilla constante contre la coalition entre de petits groupes d’intérêt bien organisés et les médias. Ces derniers seront de plus en plus persuadés que leur rôle politique consiste à publier ce que les gouvernements veulent cacher, alors que – et c’est là toute l’ironie d’une société basée sur un flux illimité d’informations et de divertissements –, pour remplir leurs pages et leurs écrans, ils feront confiance aux propagandistes des institutions qu’ils sont censés critiquer. »
Historien britannique de renommée mondiale, Eric Hobsbawm (1917-2012) est notamment l’auteur d’une histoire du monde en quatre volumes L’Ère des révolutions : 1789-1848 ; L’Ère du capital : 1848-1875 ; L’Ère des empires : 1875-1914 (parus chez Hachette) ; enfin L’Ère des extrêmes. Histoire du court XX e siècle (1914-1991), dont la réédition est parue aux éditions Agone en 2020.