Essai traduit de l’anglais par Julien Guazzini, introduction de Laurent de Sutter
Dans cette collection de textes, Mark Fisher nous présente une galerie hantée : depuis la musique médiumnique de Joy Division aux spectres qui traversent les productions hantologiques de The Advisory Circle, du fascinant Memento de Christopher Nolan à l’inclassable Robinson in Ruins de Patrick Keiller, les objets culturels dont il fait l’analyse avec son regard si particulier trahissent un constat sans appel sur notre présent : le futur a été annulé.
Les traces attachées à ces présences fantomatiques, à ses absences insaisissables, jouent des phénomènes mémoriels instables et de la répétition.
Or, si l’idée de futur n’existe plus, c’est que le temps est désarticulé et les époques se télescopent.
Nous faisons l’expérience généralisée d’une série de science-fiction : les artefacts culturels voguent à la dérive, le simulacre règne.
Nous voici dans l’envers du réalisme capitalisme auquel Fisher avait consacré son précédent ouvrage ; de l’autre côté du rêve, dans une réalité qui se recompose — un présent qui s’éternise.
Mark Fisher (1968–2017), connu également sous son pseudonyme de k-punk, fut enseignant au Département de cultures visuelles du Goldsmiths College à Londres et observateur attentif des formes culturelles.
Son ouvrage Le Réalisme capitaliste contribua à le faire connaître par un grand public ; il contribua également à des revues telles que Wire, Fact, New Statesman et Sight & Sound.