Le texte réédité ici a été publié entre décembre 1968 et décembre 1969 dans la revue « Autogestion ».
Jean Bancal utilise à de nombreuses reprises, le qualificatif de « socialisme libéral », pour décrire le fait que Proudhon, dans sa théorie, s’appuie sur la liberté des différentes composantes sociales. Il faut comprendre ici, que le mot « libéral » est utilisé dans son sens exacerbé de liberté, dans son sens tel qu’il était utilisé par les frère Magón au début du XXème siècle en fondant le regroupement anarchiste « Parti libéral mexicain » juste avant la révolution mexicaine ; et non le sens qu’il recouvre aujourd’hui dans le capitalisme.
Proudhon, dans la démarche de sa pensée critique, a lié dès ses premiers écrits et dans une même critique le capitalisme et l’État, ce qu’il nomme « propriété capitaliste » et « étatisme gouvernementalisme ».
Ces deux entités fonctionnant comme deux formes d’oppressions sociales qui agissent et se renforcent de façon conjointe, en niant simultanément la personnalité autonome des groupes sociaux et la capacité d’autogestion de la société pluraliste.
Dans ses conséquences sociales, la propriété capitaliste apparaît comme un vol, c’est-à-dire une usurpation de la production sociale.
Dans son fondement social, l’État se découvre politiquement comme un despote : niant sociologiquement l’autonomie de la société pluraliste, et sa possibilité de s’auto-administrer.
Ainsi, le capitalisme et l’État apparaissent tous deux comme instrument d’exploitation et instrument de domination. Il y a dans l’État oppresseur « propriété de pouvoir », comme il y a dans la propriété capitaliste exploiteuse « état de domination ».