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Déni de réalité : Steven Pinker et le mythe du déclin de la violence humaine

Edward S. Herman et David Peterson

mardi 28 juin 2022

C’est avec amusement que l’on a constaté avec quel empressement les médias de l’establishment ont accueilli le livre de Steven Pinker — professeur au département de psychologie de l’université de Harvard depuis 2002 et deux fois finaliste du prix Pulitzer dans la catégorie essais — intitulé La Part d’ange en nous (préfacé en France par Mathieu Ricard). Celui-ci nous explique non seulement que « la violence est en déclin depuis longtemps », mais aussi que « nous vivons peut-être l’époque la plus paisible de l’existence de notre espèce ».

Pinker choisissait ce formidable thème au moment de la gouvernance de Barack Obama, prix Nobel de la paix, impliqué dans huit guerres sur quatre continents distincts (Asie, Afrique, Europe et Amérique du Sud) au cours des huit années de son mandat ; au moment où les USA envisageaient un retrait partiel de l’Irak envahi et occupé ; où la guerre de Libye prenait fin, en 2011 ; où les USA menaçaient de s’engager dans des guerres encore plus importantes contre la Syrie et l’Iran, qui étaient déjà en cours, en réalité, au travers de sanctions agressives et d’une série d’actions secrètes ; au moment où Obama utilisait toujours plus de drones et d’escadrons de la mort dans des opérations d’assassinats internationales, et affirmait un droit de tuer n’importe qui n’importe où pour des raisons de « sécurité nationale » — faisant officiellement du monde entier une zone de chasse « légitime » des USA.

Dans ce livre, Edward S. Herman (co-auteur avec Noam Chomsky de La Fabrique du consentement : De la propagande médiatique en démocratie) et David Peterson déboulonnent la thèse de Pinker et des laudateurs de la civilisation et du capitalisme, en dévoilant une réalité bien différente des affirmations des thuriféraires du soi-disant progrès : la violence n’est pas moins importante aujourd’hui, loin de là ; le passé n’était pas l’horreur dépeinte par Pinker.

Herman et Peterson exposent les allégations de Pinker comme des tentatives de rationaliser, d’avaliser et de célébrer l’expansion de la civilisation occidentale.


Déni de réalité : Steven Pinker et le mythe du déclin de la violence humaine
Edward S. Herman et David Peterson
Éditions Libre, 248 pages, 16 euros