... des contre-sommets à Notre-Dame-des-Landes, de l’imaginaire à l’habiter, des free parties au mouvement anti-CPE, des sabotages aux savoir-faire, des usines occupées aux sans-papiers, de la communauté des squats aux résistances numériques…
« De ces dix dernières années, nous avons encore le souvenir. De leurs révoltes, de leurs insoumissions, nous sommes nombreux à ne rien vouloir oublier. Nous savons pourtant que nous vivons dans un monde qui s’en emparera, nous en dépossédera afin que des enseignements n’en soient jamais tirés et que rien de ce qui est advenu ne vienne repassionner les subversions à venir. Pour extirper cette mémoire d’un si funeste destin, nous avons fait un « livre d’histoires ». Des histoires d’inadaptés, de rétifs, des histoires de lutte contre ce même ordre des choses qui menace aujourd’hui de les ensevelir sous son implacable actualité. "Ne faites pas d’histoires", c’est en somme le mot d’ordre imposé par une époque piégée dans le régime de l’urgence et des plans de redressement. Ne faites pas d’histoires, et suivez le courant. L’économie répondra à vos besoins, les aménageurs assureront votre confort ; la police garantira votre sécurité, l’Internet votre liberté, et la transition énergétique, votre salut. Les histoires de cet ouvrage viennent mettre du trouble là où devraient régner le contrôle et la transparence ; elles reflètent la recherche d’un certain ancrage dans un présent qui partout se défausse. Ce sont des histoires d’expérience et de transmission contre la dépossession, d’enracinement et de voyage contre l’anéantissement des territoires, d’intelligence collective contre l’isolement et l’exploitation. Elles parlent de jardins, de serveurs web, de stratégies, de fictions, de bouteilles incendiaires, de complicités, de zones à défendre, de free parties, d’assemblées, de lieux collectifs... Des histoires à vivre debout et à donner du souffle. »
S’ouvrent ainsi les Constellations et trajectoires révolutionnaires du collectif « Mauvaise Troupe » qui reprend le récit, à la première personne du pluriel, des luttes, désertions, imaginations, batailles, occupations, fêtes qui ont ponctué les treize premières années du nouveau siècle. Au fil d’entretiens, correspondances, documents, écrits, dessins, photos, se confirme l’existence d’une génération éparpillée qui vit et combat chaque jour pour « inventer une vie immédiate », loin des modèles rancis promus par l’époque. Livre d’espérances, d’enthousiasmes, de colères, il trace des voies praticables sur le parcours piégé de la radicalité politique et de ses figures parfois sclérosantes. Voies de l’intelligence des faits, et de l’autonomie vis-à-vis des pouvoirs institués.
Le collectif Mauvaise troupe :
La Mauvaise troupe s’est constituée au hasard des rencontres, des amitiés, des combats... Elle arpente le causse du nouveau siècle, sans se préoccuper de la moustache du berger.