Le 27 novembre 1976, le boxeur Robert « Rocky » Balboa devient champion du monde des poids lourds. Au terme de quinze rounds, il triomphe par KO de son adversaire, le redoutable Apollo Creed. Ainsi débute la carrière de l’un des plus grands pugilistes de l’histoire, avec 57 victoires et deux titres mondiaux.
Rocky n’a jamais existé ; mais, aussi célèbre que Mohammed Ali, il apparaît plus vrai qu’aucun boxeur réel. La culture médiatique a le pouvoir de conférer une réalité supérieure à ses héros, de créer « une autre vie présente » dans laquelle se déploie une histoire parallèle et nouée à la nôtre.
Étudier la fiction en historien, comme le fait ici Loïc Artiaga, permet de cerner les fantasmes sociaux et leurs transformations. Pour ceux qui voulaient y croire, un Italo-Américain de Philadelphie, boxeur médiocre, trop lourd et trop lent pour être crédible sur un ring, a contré l’ascension des athlètes noirs et mis en échec l’Union soviétique.
Rocky cristallise les frustrations sociales, hantises raciales et autres peurs viriles de son époque où s’invente aussi, dans le monde « réel », le sport spectacle.
Loïc Artiaga est maître de conférences à l’Université de Limoges. Spécialiste d’histoire culturelle, il a publié Des Torrents de papier (PULIM, 2007), dirigé Le Roman populaire (Autrement, 2008) et préparé l’exposition virtuelle « Fantômas et l’Européenne du crime ». Il est l’auteur, avec Matthieu Letourneux, de Fantômas. Biographie d’un criminel imaginaire (Les Prairies ordinaires, 2013).