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Ni magie ni violence | Deux paris contre toute domination

François Sébastianoff

mercredi 2 octobre 2013

Dans la situation mondiale actuelle (limites écologiques, luttes entre dominants), quels comportements sont les plus utiles pour la survie et le plaisir de tous ? On ne trouvera pas ici un projet de société clés en main, mais une boussole et un cap.

La boussole, c’est l’objectivité, comportement qui s’en tient aux savoirs, c’est-à-dire à ce que les êtres humains peuvent constater de la réalité. Au moment des constats, l’objectivité exige la neutralité, mais qui oriente la recherche ? Au nom de quelles valeurs ?

La boussole n’est pas ce qu’on appelle « la science », pratique sociale largement orientée par les dominants. Tout être humain luttant d’abord pour survivre, et aucune valeur ne se déduisant des savoirs (décrire n’est pas prescrire), les chercheurs se réfèrent toujours aussi à des valeurs autres que l’objectivité elle-même : intérêt individuel et valeurs plus générales.

Le cap proposé ici n’oublie pas l’objectivité : il exclut tout a priori métaphysique ou moral quel qu’en soit le prétendu fondement, religieux ou philosophique. Associons plutôt trois comportements de lutte : la recherche du plaisir de tous, l’effort d’objectivité et la pratique de la non-violence collective.

La connexion entre la neuroscience matérialiste (Changeux) et la sociologie réflexive (Bourdieu) nous libère de l’illusion du libre arbitre et décrit l’une des causes générales des obstacles au plaisir de tous, la domination : les structures sociales s’inscrivant dans les systèmes nerveux, la domination et la soumission apparaissent comme « naturelles », lors qu’il s’agit là du « mensonge primordial ». À cette « violence symbolique » s’ajoute la contrainte par la force – la violence est l’arme des riches –, dans toutes les ploutocraties, dictatoriales ou démocratiques.

La grève générale non-violente comme refus de travailler pour les dominants est le seul moyen de lutte efficace, ce que Gandhi avait compris. Un nombre limité mais croissant de groupes issus de cultures diverses coopèrent aujourd’hui pour éviter le cercle vicieux de la violence et de la contre-violence. Cette coopération peut mener à une convergence. La non-violence collective associée à l’objectivité peut être l’anarchisme du XXIe siècle.


François Sébastianoff : Études au lycée Henri IV. Agrégé de grammaire. Assistant à la Sorbonne (1966-1971). Professeur au lycée Henri IV (1971-1974). Membre de la Société internationale de linguistique fonctionnelle. Adhérent, actif, au MAN (1991-1995). Membre du collectif de rédaction de la revue Réfractions (1999-2005). Nombreux articles, notamment dans Le Monde libertaire depuis 1990.


Ni magie ni violence | Deux paris contre toute domination
Éditions Atelier de Création Libertaire, 302 pages, 16 euros