Depuis les stations du Club Med jusqu’à la musique d’ambiance diffusée dans nos écouteurs, en passant par les guides de psychologie positive et la valorisation de sentiments archispécifiques par l’industrie des cartes de vœux, la consommation et les émotions sont désormais entièrement intriquées.
C’est là un trait fondamental de notre modernité. Une modernité qui nous demande d’être à la fois parfaitement rationnels et, dans le même mouvement, de chercher sans relâche à intensifier nos émotions. Ce paradoxe est rendu possible par le fait que les émotions et les marchandises sont désormais coproduites, jusqu’à générer un type de produits tout à fait inédit et jusqu’à présent jamais étudié : les marchandises émotionnelles.
Cet ouvrage collectif, initié et dirigé par Eva Illouz, montre comment ces nouvelles marchandises – produites par des industries aussi diverses que celles du tourisme, de la musique, du cinéma, du sexe ou des psychothérapies – visent à transformer et améliorer le moi. Il met ainsi le doigt sur une caractéristique majeure de nos sociétés, interrogeant avec profondeur – en se gardant de tout jugement – l’authenticité de l’individu moderne.