Les historiens qui se sont intéressés au Paris de la première moitié du XIX e siècle ont souvent célébré la modernité de la ville bourgeoise qui se développe à l’ouest et autour des Grands Boulevards, et considéré les quartiers du centre et de l’est comme des espaces structurellement immobiles et à l’écart du progrès. S’appuyant sur des archives peu explorées, voire inédites, ce livre propose une vision renouvelée de ce Paris populaire : il montre au contraire qu’il s’agit de lieux extrêmement dynamiques, dans lesquels se développent des formes de production tout aussi novatrices qu’économiquement efficaces. Et dans lesquels se construit progressivement un modèle de modernité propre au monde ouvrier, fondé sur la demande de démocratie locale et sur une vision participative de la société.
Derrière les représentations de la modernité du Paris bourgeois, si souvent célébrée, on lit donc la présence d’une autre modernité, qui a germé dans l’horizon ouvrier de la première moitié du XIX e siècle et fleuri le temps d’un instant dans les printemps 1848 et 1871. Si la répression de ces mouvements a brisé cet élan, le souvenir de la République démocratique et sociale rêvée par le mouvement ouvrier a cependant laissé ses traces dans la société française, et l’on voit aujourd’hui ressurgir certaines thématiques qui en sont héritées (la demande de démocratie directe et de nouvelles formes d’organisation du travail, le modèle associatif comme base de solidarité nationale).
Enrichi par de nombreux documents d’époque et une cartographie originale, le livre de Maurizio Gribaudi offre une immersion passionnante dans ce Paris ouvrier du XIX e siècle.