Les premières années du XXIe siècle nous obligent à constater que nous vivons une époque frappée par une profonde régression de la pensée politique. La démocratie représentative est devenue la forme consacrée, inscrite dans la modernité, de la souveraineté politique du peuple, et les critiques à ses impasses et contradictions manifestes, se situent toujours à l’intérieur de cette forme, déclarée « indépassable ».
Elle est l’arrière-plan de toute politique du possible, elle est l’idéologie dominante pour ne pas dire la pensée unique ; elle n’est plus un régime mais le nom qu’on donne à la société libéral-capitaliste.
L’Europe d’aujourd’hui souffre de l’apathie et de la passivité populaires, masse sans illusions, dépossédée de sa volonté souveraine, assujettie à l’imaginaire établi et marquée par l’arrogance conquérante de la droite au pouvoir et l’impuissance de la gauche qui a accepté le capitalisme comme irremplaçable. Le marché capitaliste se répand à l’échelle mondiale et, en se reposant sur la puissance économique et militaire des États-Unis, le néolibéralisme apparaît comme l’idéologie juste et nécessaire concordant avec les valeurs de démocratie et « des droits de l’homme ».
La sécularisation, la modernité et la démocratie représentative se présentent comme un seul bloc excluant à jamais les solutions socialistes ou collectivistes. L’anarchie et la révolution sont évincées de l’histoire, hors des limites du possible.