Face à un gouvernement qui cherche toujours plus d’obéissance, plus de silence, plus de mécanisation des pratiques, porter la voix de la critique paraît toujours aussi essentiel, que ce soit le fait des syndicalistes, des praticien·nes de l’éducation, des familles, mais aussi des jeunes que nous accompagnons au quotidien dans nos classes.
Une critique de l’actualité des réformes, certes, mais également une critique du fonctionnement même de l’École, des classes, des programmes et de la société qui s’y reflète, en particulier dans ses pratiques inégalitaires et discriminatoires.
Mais est-il possible d’allier critique sociale et pratiques pédagogiques ? De quelles manières s’y prennent les pédagogues qui réfléchissent aussi bien aux apprentissages des élèves qu’à la société dans laquelle tou·tes évoluent ? Selon quelles visées, quelles postures, et quelle éthique ? Quelle place, également, pour les questionnements et l’émancipation des jeunes ?
On cherchera donc à comprendre comment la pédagogie peut servir la critique sociale, ou tout au moins interroger la société et les rapports sociaux, et comment, à l’inverse, la critique sociale bouscule aussi la pédagogie, la remet en question dans les savoirs qu’elle aborde, les programmes qu’elle met en œuvre, les démarches, les pratiques, les relations interpersonnelles…
Ce sont ces questionnements et ces tâtonnements que le comité de rédaction de N’Autre école a décidé de mettre en lumière dans le dossier de ce numéro.