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Revue Ruptures N° 0

Groupes Regard noir et Salvador-Seguí

mardi 22 mars 2016

Nous sommes un certain nombre à considérer que quelque chose doit changer dans notre milieu. Nous sommes actuellement incapables de réagir correctement face à une situation historique qui nous accable toujours plus. Nos groupes, collectifs ou organisations ne sont pas à même, seuls, de résoudre le problème.

Nous payons les frais de la décadence de notre mouvement au sein duquel nous analysons trois faiblesses principales qui s’articulent et s’alimentent :

– Notre mouvement est extrêmement divisé. Les raisons de ces divisions sont peut-être réelles et importantes, nous ne le nions pas, néanmoins être persuadé d’avoir raison face au groupuscule d’en face ne change pas grand-chose dans le rapport de force avec l’État et le capital.

– Notre mouvement est faible théoriquement. Nos productions sont rarement originales et se contentent le plus souvent de reprendre de vieilles idées, sans chercher à les confronter entre nous en bonne intelligence. Ceci nous empêche d’expérimenter de nouvelles façon d’agir, car nous sommes actuellement incapables de les inventer. Une incapacité creusée par la déconnexion profonde des théories que nous développons avec l’actualité sociale et politique, alors même que la force de l’anarchisme fut d’être une pensée née de l’action des masses.

– Notre mouvement est faible numériquement. Comme pour l’œuf et la poule, il est difficile de savoir ce qui en est à l’origine. Notre division est en soi un repoussoir et notre manque de perspectives l’entretient. Le fait est que nous sommes incapables de rassembler les gens que nous aimerions voir à nos cotés.

Nous avons besoin de sang neuf, de nouveaux alliés et de se serrer les coudes entre camarades.

Pour résoudre la division, une partie de notre proposition est entre vos mains. Avec ce journal, nous cherchons à proposer quelque chose de nouveau et à faire renaître la voix d’un anarchisme social et révolutionnaire. Un anarchisme qui cherche ses alliés et militants au sein du prolétariat et non dans les grandes écoles. Un anarchisme qui ne cherche pas à invisibiliser les questions de race et de genre. Un anarchisme qui rejette les positions folkloriques et cherche à retrouver sa place dans le mouvement social, en s’implantant dans nos lieux de vie et de travail, loin des partis politiques et de leurs logiques démobilisatrices.

Pour répondre à la faiblesse théorique, nous faisons aussi appel à vous, à travers cet outil. Nous invitons les anarchistes, antiautoritaires et sympathisants libertaires qui se reconnaissent dans nos positions politiques minimales à nous contacter, à nous proposer des articles, à diffuser ce nouvel outil, ou à le critiquer. Nous croyons que c’est encore la meilleure façon de voir émerger des propositions nouvelles, des formes d’organisation inédites et des manières de lutter plus efficaces.

Nous sommes prêts à faire le pari que si nous réussissons à nous rassembler et à échanger, ne serait-ce qu’un peu, de nouvelles idées surgiront, nous décuplerons nos moyens d’action, et, partant, nous réussirons peut-être à intéresser de nouvelles personnes, initiant par là un cercle vertueux qui rendra à l’anarchisme sa place naturelle d’outil d’émancipation contre toutes les oppressions.


Épuisé