Occulter, récrire, glorifier, diaboliser ou même inventer, mentir : omniprésente dans le débat public, l’histoire est la proie de toutes les manipulations. On lui fait justifier des guerres, disqualifier des adversaires, souder des identités collectives… Pour combattre ces instrumentalisations, Le Monde diplomatique publie un Manuel d’autodéfense intellectuelle qui s’attaque aux grandes idées reçues sur le passé en nourrissant une ambition à la fois vaste et simple : connecter le désir de savoir avec les outils de la connaissance utilisés par les chercheurs.
Quand le doute obscurcit l’espoir, c’est quelque chose d’avoir pour soi l’histoire, notait la philosophe Simone Weil. Mais l’usage du passé sert plus souvent d’outil de propagande que d’instrument d’analyse. Qu’il s’agisse des guerres au Proche-Orient, de celle d’Ukraine, des discours politiques, des films et des séries aussi, les références historiques frelatées foisonnent.
Épaulée par un groupe d’historiens et de chercheurs en sciences sociales, l’équipe du Monde diplomatique démine les grandes idées reçues qui faussent le débat public. À chacune d’entre elles, une étude de cas apporte un démenti factuel. Cartes, encadrés thématiques, documents d’archives, bêtisiers, remettent à l’endroit des événements décisifs tantôt occultés, tantôt falsifiés, récrits ou galvaudés.
Il s’agit également d’ouvrir au public la boîte à outils des historiens, afin que chacun apprenne à repérer les manipulations qui pullulent dans les médias, à douter méthodiquement, à se défendre intellectuellement, sans verser dans la paranoïa ni échafauder des théories fumeuses. En un mot : à penser par soi-même.