« J’habite sur la colline au-dessus de la maison d’arrêt. De chez moi, les soirs de matchs de foot, j’entends monter les clameurs des détenus devant leurs écrans quand un but vient d’être marqué. Un jour, j’ai eu envie de franchir l’entrée. J’ai mesuré l’étroitesse des cellules, le vacarme incessant, l’exiguïté des parloirs. J’ai vu comment, hors les murs, l’enfermement touchait aussi les familles. “Nous aussi on est punies”, m’ont confié des femmes. Mon roman est nourri de ces rencontres, riches en colères, en émotions, en étonnements. Et parfois, malgré l’extrême des situations, en émerveillements ».
Pour donner la parole à ces mères, épouses, sœurs que rien ne peut détourner de la détention d’un proche, Catherine Béchaux a choisi la fiction. Dans le huis clos du bus 221, cinq passagères, que seul le chauffeur remarque, avancent vers le moment le plus attendu mais aussi le plus redouté de la semaine. Quarante-cinq minutes dans quatre mètres carrés. Le parloir. Tout ce qui leur reste de l’Autre...